J’en ai marre de les voir tous sourire comme si tout allait bien, comme s’ils vivaient dans le meilleur des mondes.
Je voudrais leur ouvrir grand les yeux, très grand, pour qu’ils puissent voir la réalité du désastre.
La grosse merde dans laquelle ils vivent. Cette boue qu’ils piétinent joyeusement, faisant semblant de ne pas la voir.
Je voudrais qu’ils osent regarder en bas, en dessous, pour y voir le visage de ceux qu’ils piétinent.
Car il y a des gens dans cette boue, qui crient, qui meurent, qui supplient qu’on les entende.
Mais personne ne les écoute, et personne ne les regarde.
Il est plus facile de les ignorer, pour continuer à leur marcher dessus tranquillement.
Il est plus facile de regarder ailleurs, pour continuer à sourire tout bêtement.
Je voudrais tellement qu’ils arrêtent de faire semblant.
Que le bleu de leur ciel devienne un jour, lui aussi, tout marron de boue.
Que l’un d’entre eux trébuche et tombe, pour se retrouver avec nous.
Et comment verrait-il le ciel, alors ? Continuerait-t-il de sourire ? Appellerait-il ses amis à l’aide ? Ses amis, qui deviendraient sourds tout à coup, et marcheraient sur lui sans faire de manière…
Je voudrais arracher leur joie, arracher leurs dents tout sourire, arracher leur cœur. Pour qu’ils sachent que nous existons. Pour qu’ils nous rejoignent, peut-être.
Et pour qu’ils comprennent, enfin.
La vie n’est pas rose-bonbon, la vie n’est pas bleue du ciel. Tu te mens à toi-même si tu fais partie de ceux-là.
La vie, la vraie, elle se passe en dessous, dans tout ce que tu ne regardes pas.
Un jour, toi aussi tu finiras dans la boue, toi aussi tu nous rejoindras.
En nous ignorant, tu ne fais que retarder ton propre désastre.